BAKAMBANA est parmi les premiers de sa génération à avoir exposé avec les « maîtres » de l’art congolais tels que Mavinga, Chéri Samba, Nginamau, Lema Kusa, Liyolo, Botembe, François Tamba Ndembe en RDC et en Allemagne. François Tamba Ndembe, l’un des plus grands sculpteurs congolais, avant-gardiste et l’artiste le plus touchant par les formes et la maîtrise de sa composition, fut son mentor dans l’art.
Dans son approche expressionniste de l’art, BAKAMBANA utilise la couleur pour exprimer ce que les mots expriment dans la communication verbale. Il s’inspire du contexte social de son Congo natal qui sert à exprimer ses pensées et sa compréhension du monde à travers les couleurs. Les peintures de BAKAMBANA sont une forme de sociologie picturale de la culture SAPE 1 centrée dans les deux Congo, et qui rappelle les cultures Dandy et Rude boy trouvées ailleurs. La sapologie est un état d’esprit et un ensemble de comportements et d’attitudes enracinés dans l’urbanité, et incarnés dans la «religion Kitendi », un concept qui lie les principes de la religion aux usages sociaux des tissus et de la mode – « une religion des tissus et des modes ‘ autrement dit. Dans le contexte difficile de la guerre et de la misère, la Sapologie offre une fenêtre d’espoir et de joie, de se réhabiliter à travers des tissus et des
modes portés pour être vus. C’est une sorte d’exorcisme social caractérisé par l’excentricité.
Dans son processus de création, BAKAMBANA emprunte à diverses sources qui lui permettent de s’aventurer dans un univers chromatique, à la fois philosophique et historique, entremêlant trouvailles picturales de l’Egypte ancienne au Jazz, et les parsant à travers la vision expressionniste du monde des Sapologues, eux mêmes inspirés par leur environnement, y compris les affiches publicitaires et tout ce qui est empreint de couleur. Les Sapologues parlent d’une trilogie de couleurs achevées et inachevées (Rouge, Jaune et Bleu), qui sont les trois couleurs primaires du point de vue d’un peintre. Ils recherchent une harmonie de couleurs et construisent une harmonie de passions, ils parlent de « fêtes » qui constituent une réconciliation et une joie. Leurs vêtements reflètent à leur tour une conciliation de couleurs et d’aspirations.
En tant qu’expressionniste lui-même, BAKAMBANA considère les Sapologues comme des expressionnistes de tissu. Au cœur de son travail se trouve un sentiment de révolte contre les conventions du monde de l’art. Ici, BAKAMBANA modèle sa pensée sur son héros musical Thelonious Monk – quelqu’un de bien versé dans les formalismes du jazz, mais avec une préférence pour les compositions qui dépassent les conventions et pour rechercher l’esthétique du chaos dans sa musique. De même, les peintures de BAKAMBANA sont une harmonie du chaos, car nous vivons dans un monde chaotique et l’art est une thérapie pour l’artiste et le spectateur, dans le but de recréer l’harmonie entre l’homme et l’univers.
BAKAMBANA porte une attention particulière à la ligne et à l’anamorphose des formes et défend l’art Kongo ; qu’il considère comme un art spirituel, dont la particularité est de lier geste et intention dans l’œuvre. Il ne conçoit aucune frontière entre les différentes disciplines de l’art, mais le corps est au centre de l’expression et le médium dépend du tempérament. Selon BAKAMBANA, l’art est « une manière de donner corps à une idée malgré le médium, dans l’art Kongo, c’est l’éthique dans l’esthétique. Le geste fait partie du quotidien de l’artiste, c’est un rituel, et le Nsoneki (artiste) dialogue avec le corps »